Méditation sur l'évangile du 6ème dimanche de Pâques 2020
"Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre défenseur
qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de Vérité"
Commencez par lire tranquillement cet évangile.
Laissez des mots, des phrases résonner en vous.
Puis lisez ou écoutez la méditation...
Évangile de Saint Jean 14, 15-21
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.
« Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Méditation
Version audio du père Guy :
Cette page d’évangile nous est donnée en ce dernier dimanche avant l’ascension, avant l’ouverture du temps de l’Eglise, ce temps où l’humanité a à laisser prendre la greffe du salut dans son histoire. Cette parole qui nous est donnée aujourd’hui nous pose les questions ultimes… les seules qui valent d’être posées.
« Si vous m’aimez… » dit le Christ
C’est la grande question… la seule qui embarque vraiment une vie.
Ce n’est pas une question sentimentale… c’est un appel à un mouvement profond de notre être.
« Si vous m’aimez… »
Mais oui, Seigneur, je t’aime… mais je me rends compte que je ne suis pas capable de passer un quart d’heure avec toi chaque jour. J’ai toujours des choses plus pressées. Je me rends compte que je passe le plus clair de mon temps à m’occuper de moi, de mes affaires, de mon bien-être, de ma réussite, de ce que les autres pensent de moi, de mes petits plaisirs… Je me rends compte que je te demande pardon pour mes orgueils et mes égoïsmes… mais que je recommence toujours la même chose.
Oui, Seigneur, je t’aime. Cela me fait penser à cette rencontre pathétique de Pierre avec le Christ après la résurrection, au bord du lac de Tibériade. Trois fois, Jésus lui pose la question… et trois fois, il répond que oui… mais avec plus d’humilité qu’avant ! Car aimer, ce n’est pas quelque chose qu’on décrète, c’est l’aboutissement d’une histoire faite d’élans et de trahisons, de décisions et de lâcher-prises.
« Si vous m’aimez, dit le Christ, vous garderez mes commandements »
Et nous savons que ses commandements se résument en un seul, celui de l’amour de charité : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit … et un second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Matthieu 22/39 … et il précise bien qu’à « ces deux commandements se rattache toute la loi et les prophètes »
Jésus n’est pas un rêveur. Aimer, c’est du concret. Il prend par exemple bien soin de nous dire : « Ce n’est pas en me disant Seigneur, Seigneur que vous entrerez dans le Royaume des cieux, mais en faisant la volonté de mon Père » Matthieu 7/21 Car être disciple du Christ, ce n’est pas d’abord « bien penser » mais c’est « faire ». Au légiste qui lui demande ce qu’il faut faire pour avoir en partage la vie éternelle, il raconte une histoire, celle de ce samaritain qui s’occupe du blessé sur la route (Luc 10/25-37), et il termine en disant : « Fais cela et tu vivras ! »
« Si vous m’aimez, vous garderez - c’est-à-dire vous resterez fidèles à - mes commandements »
Mettre en pratique, faire, oui… mais dans la fidélité. La fidélité, cela implique la confiance, la durée… Cela fait appel à l’Esprit et non à la lettre. Jésus ne nous invite pas à suivre une loi, aussi belle soit-elle, il ne nous invite pas à être des légalistes, mais des femmes et des hommes qui se laissent imbiber par l’esprit de ses paroles, et qui ensuite savent inventer leur manière originale de vivre.
« … et moi, je prierai le Père… »
Voilà que Jésus prie le Père pour nous. C’est le monde à l’envers. C’est Dieu qui prie pour nous ! Aujourd’hui, nous sommes l’objet de la prière de Jésus.
« … et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous »
S’il prie pour nous, c’est qu’il sait que nous avons besoin d’une présence quotidienne, d’une présence qui soit pour toujours avec nous… comme quelqu’un qui prend soin de nous, un « défenseur » comme il l’appelle, c’est-à-dire quelqu’un qui prend notre parti mais qui, en même temps, est un Esprit de vérité…
Car nous avons besoin pour avancer de faire la vérité sur nous-même, sur notre vie, sur nos engagements… mais aussi sur nos infidélités, nos petitesses.
Car il sait que, comme disciples, nous avons besoin d’être conduits vers la vérité tout entière, qui pour nous n’est pas autre chose que quelqu’un, Jésus lui-même !
Laissons chanter en nous cette phrase d’évangile tout au long de notre semaine :
« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de Vérité »
Père Guy de Lachaux