Est-ce bien raisonnable aujourd’hui de faire sa Profession de foi ?
Il y a encore trente ans, on ne se posait même pas la question. C’était normal de faire cette démarche à la fin de l’initiation chrétienne, mais souvent c’était perçu comme une fin... à part pour une minorité qui continuait une démarche, souvent à travers l’aumônerie. Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé. Le christianisme a continué sa « descente aux enfers » ...
Jésus est maintenant mis « en quarantaine » sur les ondes, dans les écoles et dans la société civile. Et ce n’est qu’une minorité de jeunes qui, dans une grande discrétion, sont concernés. Une maman chrétienne pratiquante, me disait :« Moi, je pousse mes enfants à la faire, car c’est une suite logique de leur baptême et de leur initiation chrétienne dans laquelle je les ai engagés. Mais j’insiste bien sur le fait que c’est leur décision. D’ailleurs c’est pour eux une occasion unique : deux jours de retraite pour réfléchir au sens de leur existence en prenant Dieu comme source de leur vie et compagnon de leur quotidien ». Alors, dans ces conditions, est-ce raisonnable ?
Si le sens de la Profession de foi est celui que j’ai vécu il y a 70 ans, non. Car on m’a fait promettre de « renoncer à Satan... » et de « m’attacher à Jésus-Christ pour toujours ». Ce ne serait pas raisonnable ! Si c’est pour leur faire vivre ce que cette maman a vécu en son temps au jour de sa Profession de foi, non. Car pour elle, c’était un acte que l’on vivait sans se poser de questions. «C’était normal dans mon milieu». Là non plus ce ne serait pas raisonnable car l’adhésion au Christ dans les familles est diverse et la pratique religieuse est souvent inexistante. Mais la façon dont est vécue la Profession de foi aujourd’hui est belle. Ce n’est pas un engagement, c’est une parole personnelle prononcée et un geste posé. Par la parole, le jeune est amené à exprimer sa façon de croire, sa façon de vivre en chrétien, mais aussi ses doutes... Par un geste, il reçoit une croix de la main de ses parents qui ainsi lui passent le relais : « Nous t’avons ouvert à la foi des chrétiens, aujourd’hui, nous te passons le relais : c’est à toi maintenant de continuer sur ce chemin ! » Alors, est-ce bien raisonnable ? Oui, je le pense car cela est pour eux un moment où ils peuvent réfléchir plus profondément à la présence de Dieu dans leur existence et aux valeurs qui en découlent. C’est un point de repère, un acte posé dans leur vie, une étape sur leur chemin.
Guy de Lachaux