Méditation sur l'évangile de la résurrection de Lazare - 5ème dimanche de Carême 2020
Appelés à sortir de nos tombeaux
Commencez par lire tranquillement cet évangile.
Laissez des mots, des phrases résonner en vous.
Puis lisez la méditation...
Évangile de saint Jean 11/3-45 lecture brève
« En ce temps-là, Marthe et Marie, les deux sœurs de Lazare, envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. »
À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà.
Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. »
Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre.
Jésus dit : « Enlevez la pierre. »
Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. »
Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »
On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »
Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire.
Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »
Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
Méditation
C’est le dernier signe qu’accomplit Jésus avant son entrée à Jérusalem aux Rameaux.
Le premier, c’était aux noces de Cana. Là, c’est à un enterrement, l’enterrement d’un ami.
Dans le premier, il manquait ce qui permettait que cette noce soit vraiment une fête, du vin. Mais pour Jésus, il s’agissait de ce qu’il manquait pour célébrer les noces entre Dieu et les hommes, un vin nouveau !
Dans ce dernier signe, il manque ce qui donne la vie, la vraie vie… non pas pour après-demain ou pour l’au-delà, mais pour aujourd’hui, pour maintenant.
C’est pourquoi Jésus insiste auprès de Marthe, pour qu’elle comprenne que l’essentiel, c’est la vie éternelle, c’est-à-dire non la vie dans l’au-delà, mais la vie d’aujourd’hui, une vie qui est faite pour avoir du poids !
« Celui qui croit en moi – dit Jésus – même s’il meurt vivra. Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Cette phrase dit l’essentiel de ce que Jésus a à révéler. Il vient pour donner la vie, et « la vie en abondance » (Jean 10/10). Et pour la recevoir, il n’y a qu’un seul chemin : mettre notre confiance en Celui qui est la vie… non pas pour qu’il fasse des miracles insensés, mais pour que, dans la situation concrète dans laquelle nous sommes, il fasse de nous des vivants. C’est pourquoi il ose dire que c’est en mettant en Lui notre confiance nous ne mourrons jamais ! Bien évidemment, il ne veut pas parler de la mort physique qui est un passage ô combien important, mais de la mort de notre être profond. Pour celui-là la vie éternelle est déjà commencée.
Le miracle de Lazare ne vient qu’authentifier cette affirmation.
D’abord, comme Lazare, nos vies sentent déjà la mort. « Il sent déjà ». Nous nous apercevons aujourd’hui que notre vie sent déjà, sans même nous en rendre compte. Elle est pourrie par de multiples choix du quotidien et qui font que nous creusons notre propre tombeau.
« Jésus cria d’une voix forte : Sors de ton tombeau » comme s’il fallait une impulsion violente pour que cette transformation s’opère. Car il nous faut nous aussi sortir de nos tombeaux, de ces situations où nous sommes déjà embaumés, les pieds et les mains liés, comme paralysés, et le visage enveloppé d’un suaire comme Lazare, c’est-à-dire incapable de voir, de parler.
Le cri de Jésus face à nos « vies-tombeaux » est toujours le même : « Vien dehors ! ». Ose sortir de ta vie déjà embaumée, de ta vie où tu chemines les mains et les pieds liés.
Il y a trois semaines j’étais pour deux jours avec quinze personnes divorcées, et c’est en fin de compte ce même cri que je leur ai lancé au nom du Christ : « Sortez de vos tombeaux. Vous êtes appelés à vivre et à aimer ! »
Père Guy de Lachaux