Méditation sur l’évangile de la Samaritaine - 3ème dimanche de Carême 2020
Appelés à recevoir l’eau vive.
Commencez par lire tranquillement cet évangile.
Laissez des mots, des phrases résonner en vous.
Puis lisez la méditation...
Évangile selon Saint Jean 4, 5-15.19b-26.39a.40-42 (lecture brève)
En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. Je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus. Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde.
Méditation
Nous continuons, malgré les événements qui entravent nos rencontres, notre lente montée vers Pâques.
Par notre baptême, nous sommes rentrés dans ce grand combat, qui fut celui du Christ Lui-même, pour discerner les chemins à prendre qui mènent à la vie (1er dimanche de Carême)
Sur ce chemin, notre baptême nous amène à « revêtir le Christ » comme un vêtement. La conséquence en est énorme car alors il n’y a plus « ni juif ni grec, ni esclave ni homme libre, ni l’homme ni la femme » car nous ne sommes « plus qu’un avec le Christ » (galates 3/26-28) C’est un bouleversement complet de concevoir nos relations, un bouleversement dans notre regard. Nous sommes ainsi tendus de tout notre être vers la naissance d’une humanité nouvelle (2eme dimanche de Carême)
Aujourd’hui, l’évangile de la femme de Samarie nous invite à découvrir avec elle que cette humanité nouvelle ne peut naitre que si nous arrêtons de boire une eau qui nous laisse dans la soif, et que nous trouvons cette source qui abreuve vraiment en profondeur.
Cet évangile commence par une question de Jésus à cette femme épuisée par ses allers et venues au puits. Jésus aurait pu avoir une parole de compassion telle que : « Ma pauvre femme, comme votre vie est épuisante… » En fait, c’est l’inverse qui se passe : Il lui dit, « donne-moi à boire ». Il affiche sa soif à lui. Dans saint Jean il faut toujours lire ses expressions à un double niveau. « Donne-moi à boire » dit tout autre chose : « Dieu a soif de toi » … Et en effet c’est comme un gémissement : « Si tu savais à quel point Dieu a soif de toi, de te rencontrer, de vivre avec toi une aventure d’amour inimaginable… tu arrêterais d’aller chercher une eau qui ne désaltère pas » C’est donc d’abord cela qu’il nous faut découvrir avec des yeux neufs. Car c’est de là que part la grande aventure de la foi : de cette prise de conscience que Dieu a une telle soif de nous !
Mais cela va plus loin avec une deuxième parole : « Si tu savais le don de Dieu et qui est Celui qui te dit ‘donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive »
« Si tu savais le don de Dieu… » Il a un cadeau pour nous, un cadeau inestimable, un cadeau au-delà de tout ce que l’on peut imaginer… Ce cadeau peut donner à notre vie un moteur très puissant.
« … c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive » Dieu est le seul qui peut vraiment assouvir notre soif. Cela aussi, il nous faut le découvrir avec des yeux neufs, c’est-à-dire raviver en nous ce désir de boire à cette source, car c’est une source d’eau qui donne la vie.
« … qui deviendra en toi une source jaillissant pour la vie éternelle » car non seulement elle comble notre soif, mais en plus, elle devient en nous une source pour les autres. Et pas n’importe quelle source car c’est « une eau jaillissant » qui ouvre à « la vie éternelle ».
Dans cette marche vers Pâques, nous avons bien conscience d’avoir à mener ce combat dont parlait l‘évangile du 1er dimanche, d’avoir à nous laisser « revêtir par le Christ » comme le disait l’évangile du 2emle dimanche, mais il nous manquait ce moteur intérieur qui seul peut nous donner de vivre à cette dimension-là. C’est ce que l’évangile d’aujourd’hui veut nous faire découvrir.
Père Guy de Lachaux