Homélie du Père Guy de Lachaux pour le dimanche 3 octobre 2021
Evangile de St Marc 10, 2-16 : l'intention créatrice de Dieu
Il est question, dans cet évangile, d’une situation qui est très actuelle puisqu’on évalue à plus de 50% le nombre de couples qui divorcent… avec tout ce que cela entraîne…
Chacun d’entre nous, nous en connaissons et, pour un certain nombre ici, vous le vivez. C’est un événement qui atteint jusque dans les plus grandes profondeurs de l’être, car il touche à l’un des projets les plus importants de l’existence… et à l’intimité !
Quelle est donc la parole du Christ ?
D’abord, on lui en parle de la plus mauvaise façon car on lui demande si c’est permis ou pas ! Comme si la relation à Dieu était dans le permis et le défendu. Non, Dieu n’est pas comme cela avec nous. Il veut établir avec nous une relation de Père qui, lentement, permet à chacun d’entre nous de trouver son chemin, de faire les choix qui font vivre…
C’est pourquoi, il se sort de cette question en demandant ce que Moïse a prescrit. Et de leur faire remarquer que dans la loi de Moïse, s’il est question de permis ou de défendu, c’est à cause de la dureté du cœur des membres du peuple de Dieu.
Plutôt que de regarder si c’est permis ou défendu, regardez donc quel est le projet de Dieu en créant l’homme. C’est pourquoi le Christ fait référence à la création : Dans la création, le projet de Dieu, c’est que l’humain devienne relation. Le projet de Dieu, c’est que l’homme se laisse façonner à son image. C’est tout le sens du fameux récit de la genèse que nous venons d’écouter. Il commence par une affirmation : « il n’est pas bon que l’humain soit seul » Et il ne devient lui-même que quand il peut dire : « Ça y est. C’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! » C’est cela le projet de Dieu. Alors, essayez de coller à ce projet ; c’est cela qui est important, car c’est le chemin de votre bonheur. Donc, « ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Cette petite phrase, l’Eglise en a fait une loi (ce qui n’était pas dans l’intention de Jésus quand il l’a prononcée). Alors naturellement, tous ceux qui sont dans une situation de rupture se sentent mal ! Ils peuvent se sentir coupables ou jugés… Qu’ils sachent que Dieu, Lui, ne les juge pas.
Et je voudrais dire à tous qu’être relation, cela s’adresse à tous et à tous les instants.
Dans le mariage, on a toujours à se laisser réinterroger par cette intention de Dieu quand il a créé l’humain. J’ai reçu il y a quelques jours un homme qui s’est tellement laissé accaparer par son travail que son couple est en souffrance…
Aujourd’hui, c’est ce même appel qui est lancé à ce couple qui vient fêter ses 50 ans de mariage. Comment allez-vous, dans la situation dans laquelle vous êtes, coller aujourd’hui et demain à ce projet créateur de Dieu d’être « relation » et ainsi de participer de façon nouvelle à la venue du Royaume. Leur vie n’est pas en arrière mais en avant. C’est une nouvelle étape de leur sacrement de mariage qui est en jeu.
Mais dans la vie courante, on est aussi interrogés par cette intention créatrice de Dieu : mes blocages avec ma voisine, mon collègue de travail, mes relations fausses avec tel ami, mes silences… Tout cela aussi fait partie de ce désir de coller à l’intention créatrice de Dieu.
Et pour la personne qui est divorcée, c’est la même question : Aujourd’hui, dans la situation dans laquelle je suis, comment vais-je essayer de m’approcher le plus possible du projet créateur de Dieu. Et cela pourra être aussi dans une nouvelle union. Le Pape François invite à entendre l’appel de Dieu et, pour cela, à rentrer dans une démarche de discernement…
Alors, comme nous y invite aujourd’hui la page de l’évangile, soyons devant Dieu avec la fragilité et la confiance des enfants !
Père Guy de Lachaux