Editorial Les Ulis
« Heureux, vous les pauvres ».
Cette première béatitude résume toutes les autres.
Avoir une âme de pauvre, c’est avant tout reconnaître qu’il nous manque quelque chose d’essentiel dans un domaine ou un autre. Le pauvre est celui qui tend la main, qui a besoin des autres...
La pauvreté évangélique, la pauvreté de Jésus est, pourrait-on dire, la valeur de base de la vie chrétienne, elle est la porte étroite qui nous est proposée ou imposée par la grâce à un certain moment de notre vie.
Le vrai pauvre en esprit espère, fait confiance à Dieu, marche dans la foi. L’obéissance d’Abraham est essentiellement un acte de pauvreté, un oui total à Dieu, il remet son fils, son unique dans ses mains.
Seul le pauvre avance dans la connaissance de Dieu, à l’inverse du riche qui possède une idée de Dieu et ne veut pas en démordre. C’est pourquoi Jésus dit qu’ils sont malheureux. Le père Jousse écrivait : « les pauvres n’ont pas d’idée sur Dieu, ils ont une expérience de Dieu ».
Si on voulait schématiser la différence entre le riche et le pauvre (il n’est pas seulement question du riche fortuné), on pourrait dire que le riche, sûr de lui, invite les autres avec une certaine distance, montrant sa force sans savoir. Alors que le pauvre les rencontre avec son cœur en se montrant tel qu’il est.
« Heureux les pauvres de cœur », Jésus leur ouvre un futur inattendu dans leur vie. Parfois sans avenir, humainement parlant.
Jésus porte une porte au cœur même dans les impasses les plus fermées.
Aujourd’hui encore, les béatitudes que, nous venons d’entendre sont comme lancées à la cantonade, elles sont proclamées pour qui voudra bien les entendre et les faire siennes. Écoutons-les avec notre cœur.
Frère Michel, Moine du Bec Hellouin