Homélie du Père Guy de Lachaux pour le 3ème dimanche de l'Avent 2021
La fraternité pas à pas, pour un changement radical
Que devons-nous faire ?
C’est une question qui et souvent sur nos lèvres…
« Est-ce que tu peux aider ta maman, elle est fatiguée – Oui, qu’est-ce que je dois faire ? » ...
Dans l’évangile d’aujourd’hui, les personnes qui se pressent autour de Jean Baptiste se posaient la même question : « Que devons-nous faire ? » Et ils se posaient cette question parce que « le peuple était en attente » de la réalisation de la grande espérance du peuple de Dieu : la venue d’un messie, d’un Christ. Il ne fallait pas passer à côté !
Et nous, aujourd’hui, nous sommes aussi en attente. C’est même le sens de ce temps de l’Avent : en attente d’une naissance du Christ dans notre vie, car il n’en finit pas de vouloir naître dans notre monde… et dans le cœur de chacun d’entre nous. Et si nous ne voulons pas passer à côté de cet événement, nous devons, nous aussi, nous poser la question : « Que devons-nous faire ? »
A cette question, Jean Baptiste répond à chacun.
Aux foules : « Celui qui a deux vêtements qu’il partage avec celui qui n’en a pas. Celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » « Mais qu’est-ce que cela a à voir avec la venue du messie ? » - « Fais cela, ou bien tu risques de passer à côté » !
Aux publicains : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé »… » « Mais qu’est-ce que cela a à voir avec la venue du messie ? » - « Fais cela, ou bien tu risques de passer à côté » !
Aux soldats : « Ne faites violence à personne… et contentez-vous de votre solde » » « Mais qu’est-ce que cela a à voir avec la venue du messie ? » - « Fais cela, ou bien tu risques de passer à côté » !
Au fond, ce sont trois manières de dire la même chose : « Tu veux vraiment ne pas manquer celui qui vient… eh bien considère les gens qui sont sur ton chemin comme des sœurs ou des frères ! Car :
Si c’est ton frère ou ta sœur qui n’a pas de quoi manger, vas-tu les laisser se débrouiller pendant que toi tu fais bombance ? Non… parce que c’est ton frère, ta sœur, tu vas partager ce que tu as.
Si c’est ton frère ou ta sœur à qui tu soutires de l’argent jusqu’à le mettre en difficulté, vas-tu continuer avec eux tes petites manigances pour t’enrichir sur leur dos ? Bien sûr que non !
Si c’est ton frère ou ta sœur chez qui tu rentres avec violence pour te servir dans ses affaires et prendre ce qui te plait, vas-tu continuer à les cambrioler sous prétexte que tu es le plus fort ? Bien sûr que non, parce que c’est ton frère, ta sœur !
Voilà le grand chemin que propose Jean Baptiste à ses contemporains pour ne pas manquer le Messie qui vient :
Chaque être vivant est ton frère, ou ta sœur.
Comporte-toi avec eux en conséquence… et, pour sûr, tu ne manqueras pas celui qui vient !
Et c’est aussi le grand chemin qu’a proposé Saint François d’Assise à ses contemporains. Il instaure de nouveaux rapports humains. Être pour qu’ils se répandent, il invite à les vivre d’abord dans le groupe des disciples où, dira-t-il : « Aucun frère n’aura de pouvoir de domination sur ses compagnons. Aucun ne se fera appeler prieur. Où qu’ils soient, les frères se montreront les uns aux autres qu’ils sont d’une même famille ». C’est pourquoi il préconise qu’ils soient tous frères mineurs : « Si mes frères ont reçu le nom de mineurs, c’est pour qu’ils n’aspirent jamais à s’élever au-dessus des autres. Leur vocation est de suivre l’humilité du Christ ».
C’était comme le premier étage de la fusée. Car, s’ils vivaient vraiment comme des frères, cela deviendrait contagieux.
On peut se poser néanmoins la question : comment faire pour arriver à cela ? Il suffit de suivre les conseils donnés par Jean Baptiste. C’est l politique des petits pas.
Commence à oser partager une fois, puis une seconde, comme si c’était ton frère.
Sois attentif et respectueux envers les personnes que tu côtoies, comme si c’était tes sœurs.
Et petit à petit, tu t’apercevras que c’est avec le Christ Lui-même que tu prodigues du respect. Comme Jésus l’a dit : « Ce que tu fais au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu le fais. »
Cela me fait penser à une réflexion d’Antoine de Saint Exupéry. Il était perdu dans la Cordillères des Andes, et il a dit, après être revenu de cet enfer : « Ce qui sauve, c’est de faire un pas, encore un pas, c’est toujours le même pas que l’on recommence ! »
Pour nous ouvrir à la venue du Christ cette année, faisons un pas, et encore un pas…