Homélie du Père Guy de Lachaux pour le 1er dimanche de l'Avent 2021
"Regardez l'humilité de Dieu"
C’est à ce regard là que je vous invite en ce début d’Avent. Nous allons nous préparer à accueillir la venue de Jésus, mais attention, ne le cherchons pas là où il n’est pas… Il nous invite à regardez une lumière ténue et non un phare éblouissant, une lumière qui ne s’impose pas, mais qui se propose… humblement…
C’est ainsi qu’est Dieu ! ...Et pourquoi est-il ainsi ? Parce qu’il veut être notre frère, parce qu’il veut établir une véritable fraternité entre lui et nous… et entre nous.
« Jésus parlait à ses disciples de sa venue » nous dit l’évangile d’aujourd’hui. Il s’agit naturellement, non pas de sa naissance comme un petit d’homme, mais de son retour, quand enfin son projet sera accompli. Et aujourd’hui, en nous mettant en état d’attente pendant ce temps de l’avent, nous ouvrons notre désir en même temps de laisser naître Jésus dans nos vies… et en même temps de voir son projet d’une humanité réconciliée enfin réalisé, et donc de laisser monter en nous ce désir de le voir revenir dans la gloire pour rassembler toute l’humanité.
Les premiers chrétiens ne s’y sont pas trompés. Ils ont compris tout de suite le chemin que Jésus leur proposait de prendre. Ce n’est pas pour rien qu’ils s’appelaient entre eux « les frères » ! Mais ce n’était pas simplement une appellation gentille qui ne changeait rien dans leur vie. Le passage des Actes (2/42) en est le témoin : ils vivaient la communion fraternelle, la fraction du pain et priaient ensemble, mais, en plus, ils mettaient tout en commun si bien qu’il n’y avait plus de pauvres parmi eux. Une vie fraternelle en actes !
Car ils se souvenaient des paroles de Jésus quand sa mère et sa famille sont venus le chercher, et il a répondu : « Qui sont ma mère, et mes frères ? … ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique » Et voilà qu’en quelques mots on passait d’une fraternité à une autre, de la fraternité du sang à la fraternité de l’esprit. Quand on voit ce que l’on est capable de faire pour un fils, pour une sœur ou une mère… Jésus nous invite au même élan pour quiconque se trouve sur notre chemin.
Il nous invite donc à entrer dans un monde qui a une autre logique : celle de la prise de conscience que tout humain est mon frère, ma sœur, ma mère. C’est d’ailleurs ce qu’il veut dire dans l’évangile d’aujourd’hui quand il évoque un monde en plein bouleversement : c’est une manière de dire qu’on va vers une création nouvelle.
François d’Assise avait bien compris cela, lui qui a été jusqu’à embrasser un lépreux… mais il a bien compris aussi que cette fraternité ne pouvait devenir possible qu’en se dépouillant soi-même, surtout de son immense ego, et c’est pourquoi il a choisi « dame pauvreté » … car il n’y a que si on prend le chemin de se vider soi-même qu’il y a de la place pour que l’amour de Dieu puisse y faire sa demeure. En relisant cette semaine « la sagesse d’un pauvre » d’Eloi Leclerc, j’y ai trouvé ces paroles de François lui-même : « La sainteté n’est pas un accomplissement de soi, ni une plénitude que l’on se donne. Elle est d’abord un vide que l’on accepte et que Dieu vint remplir dans la mesure où l’on s’ouvre à sa plénitude. Notre néant, s’il est accepté, devient l’espace libre où Dieu peut encore créer… Il prend le pauvre par la main… et le fait asseoir parmi les princes de son peuple afin qu’il voie sa gloire. Dieu devient alors l’azur de son âme » (Sagesse d’un pauvre – Eloi Leclerc p.106)
Père Guy de Lachaux