Homélie du Père Guy de Lachaux pour le dimanche 15 août 2021
l'Assomption de Marie
Marie déplace les foules. Cette femme fascine une grande partie de l’humanité… et pas seulement des chrétiens : les musulmans ont une grande dévotion pour Marie ...
Alors, on sait que tout n’est pas toujours très clair dans cette engouement… il y a quelque fois des superstitions ou de l’obscurantisme ; il y en a même qui en font une quasi-déesse, ce qui est complétement étranger au christianisme. Mais le fait est là. Cette femme attire… peut-être comme une maman ?...
Pour nous, aujourd’hui, je vous propose de contempler en cette femme une figure symbolique de notre humanité, de cette humanité en chemin dans cette grande aventure de la rencontre de Dieu, et ceci sous trois aspects :
Marie est celle qui a rendu possible le Christ.
Marie est celle qui a vécu dans ses entrailles de mère l’aventure du Christ.
Marie est aujourd’hui cette femme qui vit de la plénitude du Christ.
D’abord, Marie est cette femme qui a rendu possible le Christ. Et pourtant elle n’est pas venue au monde autrement que comme chacun d’entre nous. C’est la fille d’un homme et d’une femme, comme chacun d’entre nous ; elle est marquée par la vie de ses parents…, de toutes celles, de tous ceux qui ont participé à la mettre au monde ; elle est marquée par leurs coutumes, leurs manières de vivre et d’espérer. En fait, comme nous, elle a été façonnée par ses ancêtres, comme nous le sommes nous-mêmes, et peut-être beaucoup plus que nous ne le pensons.
Et voilà que c’est cette femme, façonnée par toute l’humanité qui l’a précédée, qui s’est ouverte à la présence de Dieu et à son appel à devenir la mère du sauveur : « L’esprit de Dieu va te couvrir de son ombre, et tu enfanteras un fils qui sera appelé Fils de Dieu ».
Étrange aventure que celle de cette femme… mais qui nous dit, symboliquement, cette étrange aventure de cette humanité que nous sommes.
Et c’est ce qui fera crier à Elisabeth accueillant sa cousine : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».
Heureuse celle qui a cru ! Oui, heureuse notre humanité si elle croit à l’accomplissement de ces paroles en son sein. Car, en Marie, c’est bien l’humanité tout entière qui déjà symboliquement s’ouvre à cette présence mystérieuse qui ne demande qu’à naître.
Le deuxième regard que je vous propose de porter est le suivant : Marie est celle qui a vécu dans ses entrailles de mère l’aventure du Christ. Et on peut dire qu’elle n’a pas eu une vie à l’eau de rose. L’évangile nous en relate quelques moments :
Elle a vécu cette terrible angoisse de son enfant disparu qu’elle a recherché avec son mari pendant trois jours…
Elle a vécu cette décision de son fils de quitter son métier de charpentier qui lui assurait un bel avenir, pour partir sur les routes de Galilée, comme un girovague !
Elle a été désorientée par la tournure que prenait sa vie… et par ses paroles qui la choquaient parfois. Cela l’a menée à mobiliser sa famille pour venir le chercher et le ramener à la maison car, comme nous le dit Marc (3/21), ils pensaient qu’il avait perdu la tête.
Et puis, elle a participé à ces folles journées de son arrestation et de sa lente agonie. Pour finir par le recevoir dans ses bras, mort, au pied de la croix de l’infamie.
Certains, dans leur vie, rejettent Dieu pour moins que ça !
Toujours est-il que Marie a vécu dans sa chair, dans son cœur de mère, l’aventure de Jésus… sans bien comprendre ce qui se passait… C’est pourquoi on nous dit qu’elle « gardait tous ces événements dans son cœur ».
Du début à la fin, elle a été là, ressentant comme une mère l’aventure humaine de son fils.
Et le troisième regard que je vous propose de porter sur Marie, c’est celui de cette femme, l’une d’entre nous, qui vit aujourd’hui la plénitude de Dieu.
Et c’est même le sens de cette fête de l’Assomption. Ayant vécu dans sa chair de femme l’aventure de l’incarnation, de la naissance à la mort, voilà qu’elle est associée à sa résurrection, et à son exaltation.
C’est ce qui nous est décrit dans ce magnifique passage de l’Apocalypse, cette femme « ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles, et cette voix qui crie dans le ciel : ‘Maintenant, voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, le pouvoir de son Christ ! »
Et avec elle, c’est toute l’humanité qui est appelée à vivre la même aventure… cette aventure décrite dans la lettre aux Corinthiens que nous venons d’entendre.
Alors aujourd’hui, regardons dans cette femme notre propre destinée. Unis au Christ de sa naissance à sa mort, vivant dans notre chair ce grand combat contre tout ce qui enchaîne l’homme, nous sommes appelés à vivre de sa résurrection aujourd’hui déjà, mais surtout demain « quand tout sera achevé et que le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu le Père ».
Père Guy de Lachaux