Méditation sur l'évangile du dimanche du Christ Roi
"Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait."
Commencez par lire tranquillement cet évangile.
Laissez des mots, des phrases résonner en vous.
Puis lisez ou écoutez la méditation...
Évangile de Saint Matthieu 25, 31-36
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’
Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu...? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’ Et le Roi leur répondra :
‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : ‘Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.’
Alors ils répondront, eux aussi : ‘Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?’
Il leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »
Méditation
Version audio du père Guy :
Nous arrivons au sommet de la réponse de Jésus à ses disciples.
Souvenez-vous : ils se demandaient quand allait venir le jour où enfin Dieu allait transformer fondamentalement nos limites humaines et nous apporter le salut, la vie, le bonheur…
Dans un premier temps, il leur a dit : « Ne vous préoccupez pas du moment où ça va arriver, mais soyez plutôt soucieux de toujours avoir de l’huile dans vos lampes, cette huile de la foi qui est vivante par la Parole de Dieu entendue, et surtout mise en pratique.
Dans un second temps, il leur a fait comprendre qu’ils allaient être les acteurs de cette venue, et que c’était pour cela qu’il y avait un temps entre maintenant et la réalisation de sa promesse : c’est le temps où nous sommes appelés à faire fructifier nos biens, car ce sont des biens qu’il nous a confiés, je veux parler de sa création, de ses enfants à qui il tient plus que tout et de son projet de salut du monde.
Et aujourd’hui, il vient apporter la pierre finale à cet édifice en nous racontant une troisième histoire. C’est l’histoire d’un jugement ultime où il rassemble tous les peuples et les divise en deux groupes. Les uns, ceux de droite, il les appelle « les bénis de son Père », et il les accueille avec joie. Les autres, ceux de gauche, il les repousse et les traite de maudits, leur promettant le feu éternel. Mais qu’est-ce qui fait la différence ? C’est que les uns sont allés vers les frères et les sœurs dans le besoin… et que les autres ne l’ont pas fait, sans en connaître la raison d’ailleurs...
Ça, on comprend, mais on est tout de même un peu choqués par ce jugement de Dieu, alors qu’il est « tout amour ».
Pour bien en comprendre la portée, posons-nous une seule question : A notre avis, de quel côté serions-nous, à droite ou à gauche, parmi les bénis, ou parmi les maudits ? Après réflexion, je pense que timidement nous serions prêts à répondre : « Eh bien, des deux côtés ! car nous percevons que dans notre vie, il y a de l’un et de l’autre ! »
Eh bien en disant cela, nous avons tout compris.
La division n’est pas entre certains et d’autres, elle est en nous. Car en nous, il y a une part qui rejoint le Christ dans l’amour du frère, et il y en a une autre qui le rejette par les petits actes du quotidien ou les choix plus importants de notre vie. Et le Christ nous dit que cette part de nous-même qui rejette le frère ou qui au minimum lui est indifférent nous défigure et donc qu’il la rejette avec la plus extrême violence parce qu’il nous veut parfait, beau, plein de sa sainteté.
Mais cette page d’évangile va encore plus loin. Les bénis de son Père, ce sont ceux qui l’ont rejoint, quelquefois d’ailleurs sans le savoir ; « C’est à moi que tu l’as fait ! » leur dit-il. Il nous invite donc, dans ce temps de l’attente du jour, à le rejoindre ; c’est cela la troisième dimension de sa réponse aux disciples… mais à le rejoindre sans nous tromper sur la façon de le faire. Il nous dit : « Regarde autour de toi. J’ai faim… j’ai soif… je suis nu… je suis étranger… je suis en prison… je suis malade… Viens ! Rejoins-moi ! J’ai besoin de toi. »
Ce sera notre façon d’exprimer notre désir de le rejoindre, car dit-il, « ce que tu fais à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que tu le fais ! »
Et en effet, comment accueillir ce jour où enfin Dieu transformera fondamentalement nos limites humaines et où « nous le verrons tel qu’Il est », si nous ne développons pas dans nos vies de chaque jour le désir de le rejoindre et de le rencontrer. Et le rencontrer, ce n’est pas d’abord dans nos prières que cela se vit, mais dans nos actes, et spécialement dans la rencontre du frère dans le besoin.
Oui, la troisième manière de se préparer à la venue du Royaume, c’est d’aller vers le Christ en tendant nos mains et notre cœur au frère !
Alors là, le Christ devient le roi de nos vies !
Père Guy de Lachaux