Méditation sur l'évangile du 4ème dimanche de Pâques 2020
"Moi, je suis la Porte des brebis"
Commencez par lire tranquillement cet évangile.
Laissez des mots, des phrases résonner en vous.
Puis lisez ou écoutez la méditation...
Évangile de Saint Jean 10, 1-10
En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »
Méditation
Version audio du père Guy :
Je me suis toujours dit que si Jésus n’avait pas existé, je pense que je ne croirais pas en Dieu aujourd’hui, ou du moins que je serais agnostique !
Pourquoi ? Parce que Dieu, on ne peut rien en dire… sinon tout ce qu’on s’invente dans sa tête… ! Que dire sur Dieu sinon qu’il doit être infiniment parfait, tout-puissant, … ?
Par contre, pour moi, Jésus a été et est la porte de Dieu !
Avec Lui, Dieu prend un visage. Je peux écouter sa parole dans des paroles humaines, je peux goûter ses manières de faire… ses manières de vivre… m’imbiber de son esprit. Avec Lui, Dieu peut devenir quelqu’un !
C’est cela que veut nous faire comprendre l’évangile que nous venons d’entendre : « Je suis la porte » nous dit Jésus. Et plus loin (14/6) : « Nul ne peut aller vers le Père sans passer par Moi ! » Dieu, en effet, comment puis-je le connaître ? Comment l’atteindre ? Par quelle porte passer pour m’approcher de Celui qui est le Tout-Autre ? Celui qui est le créateur de tout ce qui existe ? La seule porte, c’est le Christ. Car Jésus, c’est Dieu qui se fait tout proche ! Et qui peut prétendre, en dehors de Jésus, rendre Dieu tout proche ? C’est bien pourquoi il nous dit qu’il est la porte… et même la seule porte. C’est ce que maintes fois il a cherché à faire comprendre à ses disciples « Qui m’a vu a vu le Père » 14/9, et « Je suis le chemin, la vérité et la vie » 14/6, et « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » 15/5, et encore « Si vous ne mangez pas la chair du fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous » 6/53. Nous savons, par expérience, que c’est un long chemin. On n’accueille pas Jésus comme cela. Cela commence par une rencontre qui mène au Baptême. Puis cela continue par une écoute au jour le jour du berger dont la voix nous devient familière. Et ça continue par cette décision de sortir de l’enclos et de se laisser conduire d’un pâturage à l’autre… car nous savons, nous dit la dernière phrase de cette page d’évangile, qu’il « est venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »
Or nous savons aujourd’hui que c’est l’Eglise, que nous sommes, qui est le « sacrement du Christ » en ce monde. C’est l’Eglise qui se rassemble en un seul corps que Paul n’a pas hésité à appeler « le corps du Christ ». C’est l’Eglise qui est chargée aujourd’hui d’être cette porte dont nous parle l’évangile. Incroyable mystère que celui de ce groupe de croyants que nous sommes, pécheurs comme tout le monde, imparfaits, et qui a mission d’être la porte qui fait passer par le Christ et qui déjà donne la nourriture de la vie. Cette Eglise aujourd’hui est en difficulté car elle a affiché au grand jour, par ses pasteurs eux-mêmes, sa compromission dans des crimes sexuels. Mais elle est en difficulté aussi car elle n’arrive plus à susciter en son cœur des pasteurs pour la rassembler, des églises en grand nombre ferment faute de pasteurs… mais aussi de fidèles ! Mais n’ayons pas peur, car c’est quand elle est faible, insécurisée, qu’elle est obligée de compter sur la force de l’Esprit-Saint, et de se laisser mener sur des chemins de traverse qu’elle n’aurait jamais osé emprunter. C’est ce que nous voyons en ce moment au cœur du confinement !
Alors oui, c’est vrai, il nous faut des pasteurs pour que le peuple de Dieu se rassemble et ose rentrer par la porte qu’est le Christ. Mais il faut aussi que chaque membre du peuple de Dieu ose regarder sa vie comme une vocation. Et c’est pourquoi je vous laisse la prière d’un jeune de 18 ans, Marcel Callo, qui est mort martyr quatre ans après. C’est la prière que chacun d’entre nous devrait dire chaque jour :
« Seigneur Jésus, dans le peuple immense de tes disciples, j’ai une place moi aussi. Elle est unique, irremplaçable. Je sais que Tu m’appelles à vivre dans ton Alliance, à ma manière, tel que je suis, avec mes qualités et mes limites aussi.
Déjà, quand je décide de Te donner un peu de mon temps dans la Prière, quand j’essaie de me faire un cœur accueillant aux autres, de faire un geste de paix ou de pardon, tout au fond de moi, parfois, je suis heureux et cette joie-là, personne ne peut me la prendre, car elle vient de Toi, de ton Esprit.
Aide-moi, Seigneur, à découvrir de mieux en mieux, jour après jour, la place que Tu aimerais me voir jouer, dans le peuple de tes disciples, pour le bonheur de tous ! Ainsi soit-il. »
Père Guy de Lachaux