Homélie du Père Marie-Pierre Kapende pour le dimanche de Pâques
Il est vraiment ressuscité, Alléluia !!!
Après un Carême qui avait bien commencé, où nous avions pris certaines résolutions bonnes résolutions : être attentifs aux autres, partager, jeûner et surtout prier. L’ensemble des résolutions de Carême pouvait se résumer en « faire un effort pour être bien avec les autres et avec Dieu ». N’est-ce pas cela la conversion en quelque sorte ? ...
Ce n’est pas étonnant que notre Carême soit vécu différemment de ce nous avions prévu. Le confinement décidé par les autorités, l’absence des célébrations eucharistiques avec la présence physique de nos communautés, les gestes barrières, étaient aussi une autre façon de vivre le Carême. Un Carême qui nous marquera sûrement parce que tous les fidèles ont reçu une dispense canonique de notre Evêque, Mgr Michel Pansard, de ne pas participer à la célébration eucharistique dominicale (le dimanche et les autres jours de fête précepte, les fidèles ont l’obligation de participer à la messe : canon 1247).
Peut-être que cela nous a fait ressentir le besoin de ce que nous célébrons parfois par habitude. C’est aussi une occasion pour nous de réfléchir à ce que nous vivons vraiment dans l’Eucharistie, dans nos communautés paroissiales. Nous sommes appelés à faire l’expérience d’être séparés de tous, en même temps unis à tous et au nom de tous nous tenir devant Dieu, comme le font les moines chartreux et les moniales chartreuses.
La situation présente nous invite à la confiance en Dieu. Et cela doit être la pleine confiance en Dieu qui a promis : « Jamais plus je ne maudirai le sol à cause de l’homme ; le cœur de l’homme est enclin au mal dès sa jeunesse, mais plus je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. Tant que la terre durera, semailles et moissons, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit jamais ne cesseront » (Gn 8, 21-22).
Ces paroles font encore écho à celle du Christ qui sent la solitude d’être abandonné par ses disciples pendant sa Passion « Je vous ai dit ces choses, pour que vous ayez la paix en moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33). Être séparé de la communauté est une épreuve surtout quand on n’a pas l’habitude de vivre seul. Ce dans sens que nous devrions avoir le courage d'accepter la situation actuelle du confinement nécessaire.
A sa résurrection, notre Seigneur Jésus Christ nous a dit « Et voici que je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Ces paroles doivent encore résonner dans nos cœurs et nous abandonner dans les bras du Seigneur qui a promis ne jamais nous laisser seuls même pendant cette période de confinement et de la crainte de la mort.
Jamais dans notre vie nous n’avions fait de si près l’expérience de la mort. Une mort certaine et imprévue qui pourrait prendre une jeune fille de 16 ans, Julie, comme une femme ou un homme de tout âge. Cette fois-ci cette expérience n’est plus loin de nous. Nous en entendons parler à la télévision, nous apprenons le départ des personnes que nous avons connues et aimées. Et parfois, nous sommes tenus à ne pas assister aux obsèques. Cela ne peut pas diminuer notre douleur et notre souffrance.
Nous avons à les offrir à Dieu. Elles sont vraies et réelles. Sûrement offrir à Dieu ne suffira pas. Les paroles du prophètes Isaïe dans la bouche d’Ezéchias, posent cette même question : « Que lui dirai-je pour qu’il me réponde, à lui qui agit ? J’irai errant au long de mes années avec mon amertume ? » (Is 38, 15). Si Ezéchias a crié ainsi vers le Seigneur, le Seigneur avait exaucé sa prière et il a été guéri. C’est vers Dieu que nous devrions crier notre souffrance. Ne nous trompons pas de destinataire de notre lutte intérieure.
Le Seigneur ne se laisse jamais dépasser en générosité. Si nous lui abandonnons notre souffrance et nos craintes, il saura en faire quelque chose de bien pour nous. Et Pâques est justement le temps de la joie, le temps de la confiance retrouvée après la honte et la souffrance de la Passion. Les paroles du Pape François sont claires quand il dit que certains vivent comme si la vie c’était arrêtée au Vendredi Saint et comme s’il n’y avait pas Pâques. Ne nous laissons pas voler notre joie, joie de la résurrection du Seigneur, joie de vivre en sa présence. La joie du Seigneur est notre rempart quel que soit ce que nous vivons.
Ayons la ferme confiance (bien que difficile en ce temps) que le Seigneur ne nous abandonne pas même s’il dort dans les tempêtes de nos vies actuelles (Mt 8, 25). Confions-nous à la Très Sainte Vierge Marie afin qu’elle s’adresse à son Fils comme aux Noces de Cana demandant le vin de la joie (Jn 2, 3). Qu’elle rende nos cœurs dociles à obéir à son Divin Fils ressuscité des morts comme à Cana (Jn 2, 5). Confions nos familles, nos amis, nos paroisses et nos communautés à saint Joseph, le père silencieux qui agit en silence. Qu’il nous accorde sa protection paternelle comme quand il a fait fuir l’Enfant Jésus en Egypte pour lui éviter la mort voulue par Hérode (Mt 2, 14-15).
Que le Seigneur renforce dans nos cœurs la joie de le servir toujours. Joyeuse et Sainte Pâques à vous. Avec ma bénédiction,
Abbé Marie-Pierre KAPENDE LASI.