Homélie du Père Guy de Lachaux pour le 1er janvier 2020
Solemnité de Sainte Marie, Mère de Dieu
Evangile selon Saint Luc 2, 16-21
Aujourd’hui, en ce premier jour de l’année, l’Eglise nous propose de célébrer Marie, mère de Dieu. Bizarrement, l’évangile est plutôt centré sur les bergers. Vous savez que ce n’était pas des gens très recommandables. Et voilà que ce sont eux qui deviennent les premiers Apôtres, les premiers témoins. Et ils parlent, ils racontent, ils glorifient, ils louent Dieu. Et en plus, on les écoute et on est étonné !...
Pendant ce temps-là Marie, elle, se tait et médite. A l’inverse des bergers que l’événement rend bavards, elle contemple, elle médite dans son cœur. Mais peut-être que ce silence est lui aussi un sacré message. Car voilà qu’elle prend conscience de la profondeur du mystère qu’elle est en train de vivre. Et paradoxalement, ce sont les bergers qui lui permettent de faire ce chemin en elle-même : non seulement elle est la mère de cet enfant, mais en plus, cet enfant est encore plus mystérieux que tout ce qu’elle avait pu pressentir jusque-là : se creuse en elle une dimension incompréhensible de cet événement : Mère de Jésus, elle serait la Mère de Dieu ! Et alors, comme mère de Dieu, elle se met entièrement et humblement au service de sa mission qui est de mettre au monde Jésus. Elle n’est pas le centre de l’événement, c’est Jésus qui en est le centre. Elle n’est pas le centre du projet de Dieu, c’est Jésus qui en est le centre, Lui dont on dit qu’il reçut ce nom le jour de la circoncision… nom que l’ange lui a donné : Dieu sauve ! Voilà ce qui est le centre de cette fête. Et Marie n’en est que la servante…
Et nous qui sommes présents ici aujourd’hui, nous sommes nous aussi invités à être acteurs de cet événement. Nous sommes peut-être comme les bergers qui, après avoir vu, vont raconter, annoncer… Ou bien comme les gens des environs qui entendent la Bonne Nouvelle et qui s’étonnent de ce qui est annoncé, ou encore comme Marie qui retient tous ces événements et les médite dans son cœur.
Mais peut-être aussi sommes-nous appelés à être les trois, tour à tour… A certains moments comme les gens des environs qui entendent et qui s’étonnent… à d’autres comme Marie qui médite ces événements dans son cœur, et à d’autres moments comme les bergers qui voient et qui racontent…
Mais en tout cas, nous ne sommes pas que spectateurs, mais aussi acteurs de cette grande histoire qui est appelée à féconder l’histoire humaine, notre histoire.
Eh oui, car c’est bien de notre histoire qu’il s’agit et non de celle d’il y a 20 siècles. En ce premier janvier 2020, nous sommes dans un monde troublé, angoissé.
Chez nous, nous sommes en pleine grèves, une société française divisée : on l’a vu avec les gilets jaunes, on le voit avec la réforme des retraites.
L’impression d’un monde dans l’impasse : le réchauffement climatique, la grande question du sens de la vie dans la mesure où le bonheur par l’acquisition de toujours plus de richesse a fait long feu.
Des populations entières migrent… et cela poser de plus en plus de problème aux pays riches.
Et par le fait même, la tentation d’un repli sur ses biens, sa culture, sa religion…
C’est un monde troublé comme l’était d’ailleurs le monde en Palestine d’il y a 20 siècles.
Et dans ce monde troublé, il nous faut regarder Jésus et la manière dont il se manifeste au monde. Il nait à Bethléem, c’est-à-dire la maison du pain.
Il est déposé dans une mangeoire, belle image pour celui qui vient se donner en nourriture à l’humanité.
Mais c’est un chemin qu’il ouvre : se donner en nourriture !
Et c’est ce chemin que le Pape François nous concrétise dans son message de nouvel-an. En effet, il nous invite à être, partout où nous vivons, des bâtisseurs de ^paix.
Sur ce chemin, le Pape François nous propose des pistes :
« Le monde n’a pas besoin de paroles creuses, mais de témoins convaincus, d’artisans de paix ouverts au dialogue sans exclusions ni manipulations ».
Il nous invite à opter pour une culture de la rencontre et non pour la culture de la menace.
Il nous invite « à bâtir partout où nous le pouvons cette fraternité qui trouve sa source dans la reconnaissance que nous sommes tous des enfants d’un même Père ».
Alors chacun selon nos charismes, nous travaillerons cette année à bâtir la paix, la vraie paix.
Comme les bergers, comme les gens des environs, comme Marie, soyons les acteurs de notre monde.
Père Guy de Lachaux