Editorial d'Orsay
« Ma royauté n’est pas de ce monde… »
L’interrogatoire de Pilate rapporté par Saint Jean est une haute proclamation de la royauté du Christ. Du haut de sa Croix, un écriteau le désigne comme le roi des Juifs. Mais un roi crucifié, cela suscitait la raillerie des passants, les injures des soldats qui allaient l’éliminer. C’est pourtant sur cette Croix que résonnent ces paroles prononcées par Jésus devant Pilate : « Ma royauté n’est pas de ce monde »...
Il tient sa royauté de son Père qui ne ressemble en rien à une royauté de notre monde, où la violence gratuite envahit nos sociétés et pollue la jeune génération. Ici on tue pour un mégot de cigarette, là on exploite les plus démunis quand on ne les ignore pas purement et simplement. Sur la Croix, Jésus s’identifie à un roi-serviteur qui se livre et s’entoure non pas de soldats armés de fusils mais de disciples armés de la parole de Dieu qui annonce à tous les hommes et toutes les créatures : « Un règne de vie et de vérité, un règne de grâce et de sainteté, un règne de justice et de fraternité, un règne de paix et d’amour »
La fête du Christ-Roi est le rappel de notre appartenance à la citoyenneté de ce royaume que Jésus a inauguré pour nous sur la Croix. Par le baptême tous les chrétiens participent à la triple mission du Christ prophète, prêtre et roi. Sa royauté, il ne l’a pas exercée par la force, ni par la recherche d’un pouvoir absolu, pas non plus par la richesse et les honneurs, mais en étant serviteur de tous, en prenant soin des plus pauvres et des plus faibles, en exerçant la justice avec miséricorde. Son pouvoir de serviteur, – dit le Concile Vatican II – « il l’a communiqué à ses disciples pour qu’ils soient eux aussi établis dans la liberté royale…, bien mieux, pour que, servant le Christ également dans les autres, ils puissent, dans l’humilité et la patience, conduire leurs frères jusqu’au Roi dont les serviteurs sont eux-mêmes des rois. » (LG 36).
Père DIEUDONNE MASSOMA